Courrier à Mme La Préfète 23/11/2020

vieetavenirenvaldedurance-collectif Par Le 24/11/2020

 Collectif Vie et Avenir en Val de Durance

301, Chemin de la Barque

05300  Valenty   VENTAVON

                                                                                                  

                                                                                    A     Madame Martine CLAVEL

                                                                                           Préfète  des Hautes Alpes

 Madame la Préfète,

                  L’Enquête Publique qui vient de se tenir à  la Mairie de Ventavon et qui avait pour objet d’étudier et de formuler un avis sur les diverses demandes du gestionnaire de l’ISDND du Beynon a connu une participation d’importance et expressive.

                  En dépit des contraintes infligées par le confinement et qui ont nui à l’information de proximité, plus de 200 riverains, habitants des  communes voisines ou membres d’associations concernées par cette extension l’ont rejetée après un examen sérieux  et avec une argumentation solide.

                 Depuis sa mise en service les nuisances olfactives émanant de ce centre ne cessent  de croître dans les mêmes proportions qu’augmentent les superficies comblées d’ordures. Jamais Véolia n’a apporté de solutions efficaces à cette pollution nocive.

                 La couverture quotidienne du chantier n’a jamais été appliquée car astreignante pour Véolia ; quant aux mâchefers ou broyats utilisés un temps à cet effet, ils ont été abandonnés pour des raisons d’inefficacité à l’instar des pulvérisateurs ou de  l’épandage du péroxyde de fer.  Or, nombre de ces parades sont encore préconisées pour combattre à l’avenir les nuisances, ce que les plaignants ne peuvent cautionner. Ils ne peuvent oublier les propos de M. Dalmasso, Directeur du secteur 04/05, qui déclarait dans le Dauphiné Libéré du 03/08/2015 : « Il y a des problèmes d’odeurs aux alentours de tous les centres d’enfouissement. Mettez une poubelle au soleil et vous verrez. Sincèrement si quelqu’un me propose une solution, je prends».  Quant aux épisodes affectés  de plus en plus longs et aux puanteurs de gaz de plus en plus intenses au fil des années, ils sont immanquablement, selon le gestionnaire, le fruit d’évènements atmosphériques imprévisibles !! Non l'exploitant n'est plus crédible et a prouvé son incompétence et impuissance à anticiper ou remédier efficacement aux désagréments.

                    A ces nuisances quotidiennes, s’ajoutent les risques pour la santé sur le long terme.  Sans nous apitoyer plus longuement sur une population sacrifiée, permettez-nous de vous signaler l’étude du CHU de Montpellier sur 6000 enfants atteints d’hypospadias, l’article du Dr Claude Lesné du 24/11/2006 sur les pathologies liés au CET de Tigone dans le Gers, le rapport scientifique du 21/05/2010 mené par Cancer et Environnement, Centre de Léon Bérard, sur Lyon… Autoriser Véolia à exploiter ce genre de site trois années de plus c’est prolonger et amplifier le dégagement et la migration des biogaz, l’action des lixiviats, le phénomène de combustion, la démultiplication des volatiles auxquels viendront se joindre les effets du traitement des mâchefers.

                  Un point crucial, qui justifie purement et simplement un non catégorique aux ambitions de Véolia, refus nécessité par le non respect du Code de l’Environnement et du Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets. Au nom de la solidarité à caractère exceptionnel, mais renouvelable depuis près d’une décennie, nous devrions accepter les ordures extérieures au département, leur mâchefers, des tonnages illégaux et des ballets incessants de poids lourds, le tout émaillé de justificatifs plus que douteux ? Satisfaire leurs exigences serait aller à l’encontre de la législation  en vigueur et générer, à n’en pas douter, des recours contre les services concernés.

                   En effet, le Conseil d’Etat vient de rendre une décision historique pour lutter contre le changement climatique. Il met l’Etat face à ses responsabilités en considérant que les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre fixés par loi sont contraignants. La France s’est engagée dans la transition énergétique et écologique en application de l’accord de Paris. Elle se doit d’être exemplaire en la matière.

                  Vous nous permettrez, enfin, suite à la lecture du récent article paru dans le Dauphiné Libéré du 15/11/2020, de vous faire part de notre questionnement consécutif au « passage à l’offensive des communautés de communes face à Véolia ». Lesdites communautés exprimaient leur mécontentement  car contraintes de subir « une augmentation prévisionnelle de plus de 40% en 2021 du coût de traitement des ordures ménagères ». Et Véolia de justifier cette augmentation « liée à des projets d’investissements majeurs et des charges d’exploitation croissantes ». Ce qui signifierait que toutes les sollicitations formulées par Véolia lors de l’enquête publique ont un coût qui serait à charge  des contribuables des Hautes-Alpes  pour accueillir les déchets d’ailleurs et le traitement de leur mâchefers ou autres détritus!  Quelle crédibilité peut-on encore accorder à M. Dalmasso, quand en 2015, il tentait de nous convaincre que l’installation d’un premier moteur contribuerait à contenir le coût du traitement des déchets ?  Nous en sommes à présent au troisième et les prix flambent!

                  Fermer l’ISDND en 2023, n’est absolument pas une utopie, mais une nécessité réglementaire et sanitaire.  En effet, la dernière demande de l’exploitant concernant l’accueil des déchets est estimée à plus du double de ce qui est possible avec le PRPGD et ignore les possibilités d’accueil octroyées par arrêtés aux décharges d’Embrun et de Valensole. Quant aux COV au pouvoir toxique démultiplicateur, il est grand temps de limiter leur intensité par l’abandon de décharges.

                  Notre collectif, depuis sa création en 2015, n’a de cesse d’obtenir des Pouvoirs Publics un engagement pour la réduction des déchets. Aujourd’hui, des Communautés de Communes s’insurgent et lancent une réflexion collective pour réagir contre un géant qui veut imposer sa loi. Elles veulent « le renforcement des actions de prévention pour la réduction des déchets », « la garantie du meilleur prix pour le traitement des déchets et le fonctionnement le plus efficace pour répondre aux enjeux environnementaux de l’Arc Alpin ».  

                Il faut espérer que cette réaction spontanée sera suivie de décisions concrètes et audacieuses. Leur réussite passera obligatoirement par des actions d’informations visant à un tri optimum, par une incitation permanente à mieux consommer et la mise en place de la taxe incitative qui par ailleurs a déjà fait ses preuves sur le Territoire. La loi Notre, le Code de l’Environnement, le PRPGD, sauveront notre Terre que si leurs préconisations sont animées d’une volonté politique à tous les niveaux : locaux, départementaux, régionaux, nationaux, chacun devant être averti si manquement avéré. Se reposer sur des installations existantes gérées par l’appât du gain,  ne conduira qu’à la destruction de la nature.

                  Veuillez agréer, Madame la Préfète, l’expression de nos sentiments respectueux.

                                                                                                A Valenty,  le 23 novembre 2020

                                                                                                       Le collectif VAVED